[AGIR] S1E4 – Comment arrêter de procrastiner ?

par | Jan 28, 2019 | Article, Podcast, Vidéo | 0 commentaires

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Cette semaine, je me suis retrouvée face à mes limites et surtout face à ma propension à tout faire à la dernière minute. Ça ne m’arrive pas pour tout, mais pour certaines choses – cette vidéo par exemple – j’attends le dernier moment pour le faire. Et je sais que c’est aussi le cas de beaucoup de personnes.

Dans ce 4ème épisode de la série « Agir », on va parler de la procrastination, un mot barbare pour dire que l’on a tendance à reporter les choses au lendemain (ou à la Saint Glingin…) et dont on pense souvent qu’on ne peut pas y échapper.

 

Alors, comment se manifeste la procrastination ?

Quand on dit des phrases comme « je n’ai pas le temps », « je le ferai plus tard » ou encore « je m’en occuperai demain », ce sont de bons indicateurs que l’on se trouve face à un comportement de procrastination.

Ce qui est intéressant, c’est qu’historiquement on assimilait la procrastination à une faiblesse de volonté, en gros on reportait au lendemain car on n’était pas assez motivé. Or, rien n’est plus faux ! Des études ont montré que ce n’est pas nécessairement un manque de motivation car nous procrastinons même sur des actions qui nous tiennent à cœur (évidemment pour les choses que l’on n’a pas réellement envie de faire, on a d’autant plus tendance à procrastiner).

Alors, si ce n’est pas lié à la motivation, pourquoi procrastine-t-on ? Comme pour beaucoup de choses où l’on ne se décide pas à passer à l’action, le fait de reporter à plus tard est lié à nos peurs : peur de l’échec, peur de l’inconnu (est-ce que je saurai faire ?) ou encore peur du regard des autres (que vont-ils penser de moi ?).

Mais, avant d’aller plus loin, il est important de bien faire la différence entre les 2 types de procrastination :

  • La procrastination face à une tâche pour laquelle on a une échéance (que j’appellerai ici la procrastination « actionnable »)
  • Et la procrastination face à des envies ou des « devoirs » pour lesquels on n’a pas de date butoir (la procrastination « non-actionnable » et oui, j’ai inventé ce mot, il n’existe pas dans le dictionnaire !)

 

Parlons d’abord de la procrastination « actionnable », c’est celle que l’on repère le plus facilement dans notre quotidien.

C’est quand vous avez une échéance, que ce soit 2 jours ou 3 mois, et que vous attendez le dernier moment pour faire ce que vous devez faire. Le résultat est, qu’au final, vous avez mené à bien l’action mais, jusqu’à peu de temps avant l’échéance vous avez culpabilisé, vous vous êtes engueulé car vous ne la faisiez pas et quand vous n’avez plus eu le choix et que vous avez dû vous y mettre pour tenir la date, vous avez cravaché un grand coup (voire fait une nuit blanche) pour finir dans les temps.

Le point positif c’est que le résultat est bien là (la procrastination ne vous a pas empêché d’agir, elle a juste retardé l’action), mais le point négatif c’est que cela vous a valu de grands moments de culpabilité et d’angoisse.

La procrastination « actionnable » occasionne donc principalement de l’inconfort et du stress mais ne mets pas en risque le résultat final (l’action est faite, ric-rac, mais faite !).

Alors, on peut se rassurer, la procrastination touche quasiment tout le monde, mais il y a tout de même quelques exceptions. On va donc voir qu’il y a 4 modes de fonctionnement différents pour mener à bien une action avec une échéance (que ce soit une action que l’on a envie de faire ou une corvée) et je pense que, comme moi, selon les actions que vous avez à faire, vous allez vous dans l’un ou l’autre de ces modes.

Je précise que l’idée de cette représentation graphique ne vient pas de moi, je me suis largement inspiré de la conférence TED de Tim Urban « Inside the mind of a master procrastinator » pour les faire.

  • Le « bon » élève : c’est une personne qui se prépare dès le début et qui augmente sa charge de travail au fur et à mesure que l’échéance se rapproche. Par exemple, j’étais souvent dans ce mode de fonctionnement quand j’étais encore salariée et que j’avais un dossier à rendre.

 

  • Le « roi de l’organisation » : c’est une personne qui est tellement organisée qu’elle arrive à lisser sa charge de travail de manière homogène jusqu’à l’échéance ou, encore plus fort, qui s’attèle tout de suite à la tâche et qui la termine largement avant la date butoir. Ce n’est pas un de mes modes de fonctionnement habituels, je ne suis dedans que lorsque j’ai déjà corvées ménagères à faire (gros rangement de printemps par exemple) et que je m’y mets dès que je l’ai décidé.

 

  • L’épileptique : Etant moi-même une grande procrastinatrice, je connais bien ce mode de fonctionnement. Comme par exemple pour cette vidéo que je dois préparer en une semaine, j’ai des pics d’activité dans la semaine (liés à des sursauts de conscience professionnelle) où je m’y mets à fond et ensuite je ne fais plus rien jusqu’à ce que ça me reprenne et ainsi de suite jusqu’à l’échéance où là je dois mettre un gros coup de collier pour finir.

 

  • Le procrastinateur : c’est la version la plus intense de la procrastination où l’on attend le tout dernier moment pour faire les choses et les finir in extremis. Etant d’un naturel plutôt angoissé, je reste le plus souvent dans le mode « épileptique » car le mode « procrastinateur » serait trop extrême pour mes nerfs.

     

     

     

Parlons maintenant du second type de procrastination : la procrastination « non-actionnable ». On l’expérimente moins souvent et elle est plus insidieuse car elle touche principalement des souhaits importants ou des actions que l’on « doit » faire. La différence avec la procrastination actionnable c’est qu’ici il n’y a pas d’échéance connue et donc, le plus souvent, on ne fait jamais les choses.

La procrastination « non-actionnable » nous empêche donc d’agir même lorsque l’on est motivé, c’est un problème de passage à l’action (quand, pour la procrastination « actionnable » c’est plutôt un problème d’inconfort et de culpabilité de faire les choses à la dernière minute).

 

Alors concrètement que faire pour lutter contre notre tendance naturelle à la procrastination ?

Pour ce qui est de la procrastination « actionnable », je ne pense pas qu’il y ait réellement d’action correctrice à mettre en place. Si jusqu’à présent, en fonctionnant ainsi, vous avez réussi à tenir vos engagements et obtenu les résultats que vous souhaitiez, pourquoi changer ?

En fait, il s’agit plutôt de diminuer l’inconfort et la culpabilité lié à cette procrastination. Faire au dernier moment implique que vous vous connaissez suffisamment pour savoir la charge de travail que vous pouvez abattre dans un laps de temps court. Donc plutôt que de culpabiliser et de vous dire en amont « il faut que je le fasse » ou encore « c’est pas bien, je devrai être en train de faire X », assumez de ne pas commencer vos actions tout de suite et faites-en un choix, de manière volontaire (avec la pensée rassurante que vous saurez mettre les moyens nécessaires ensuite pour mener l’action à bien).

Si jamais vous n’arrivez pas à soulager votre culpabilité ou votre stress, vous pouvez essayer de changer de mode de fonctionnement pour certaines actions. Si, comme moi, vous utilisez des modes différents selon vos différentes actions, essayez de déterminer les facteurs qui font que vous êtes plus dans un fonctionnement qu’un autre. Ici, l’objectif serait de passer des modes « épileptique » ou « procrastinateur » aux modes « bon élève » ou « roi de l’organisation ». Faites votre autodiagnostic et voyez si vous pouvez modifier la façon d’aborder certaines actions.

 

En revanche, pour la procrastination « non-actionnable », il est essentiel que vous puissiez changer de mode de fonctionnement pour ne pas passer à côté d’actions importantes pour vous. Plutôt que de vous fixer un objectif de commencer dès aujourd’hui toutes les choses importantes (sans échéance) que vous avez mises de côté, je vous propose de faire déjà un premier pas dans la bonne direction : essayez de transformer votre procrastination « non-actionnable » en « actionnable ».

Plus simplement, cela veut dire mettre des échéances sur vos actions importantes qui n’en ont pas pour que cette contrainte vous oblige à passer à l’action.

Pour cela, vous devez prendre un engagement vis-à-vis de vous-même à respecter l’échéance que vous allez vous fixer. L’idéal est même de prendre cet engagement par écrit en précisant bien l’action à faire, le « pourquoi » de cette action, le résultat souhaité et l’échéance (non reportable).

Pour ma part, me fixer moi-même des échéances ne fonctionne pas car je fais de petits arrangements entre moi et moi-même et je continue tout de même à reporter les actions. Donc, si vous avez aussi ce problème, je vous suggère d’ajouter une contrainte externe.

Et pour cela, vous devez vous engager publiquement à respecter cette échéance. Bon, pas besoin de passer à la télé pour en parler à toute la France, parlez-en à votre famille et à vos amis, ils sauront vous demander où vous en êtes à l’échéance et se renseigner sur vos progrès.

Enfin, pour ceux qui sont réellement au plus haut niveau de procrastination et pour lesquels ces 2 engagements (personnel et public) ne seraient pas suffisants, vous pouvez appliquer des sanctions en cas de non-respect de l’échéance.

On parle souvent de se récompenser quand on atteint ses objectifs ou qu’on finalise une action, mais en fait de nombreuses études de psychologie indiquent que la sanction est un levier d’action beaucoup plus important que la récompense, l’être humain étant, certes, programmé pour rechercher le plaisir mais encore plus sensible au fait d’éviter la souffrance.

Bien évidemment, je ne vous suggère pas de vous flageller en cas de non-respect de l’échéance, mais vous pouvez décider d’une sanction à vous appliquer (et bien sûr aussi vous engager publiquement à l’application de cette sanction). Cela pourrait être :

  • Ne pas partir pour ce weekend en amoureux que vous avez prévu (et croyez-moi si la sanction l’impacte aussi, votre conjoint vous harcèlera pour que vous teniez l’échéance)
  • Prendre en charge toutes les tâches ménagères pendant un mois
  • Permettre à vos enfants de bénéficier d’une journée « yes » (c’est une journée où vous devez dire « oui » à tout ce qu’il demande).

Je vous laisse faire preuve d’imagination pour cette sanction et n’hésitez à solliciter vos proches.

 

A vous de jouer ! Essayez de tester les différentes techniques évoquées durant l’épisode et surtout acceptez votre mode de fonctionnement naturel tant que l’objectif est atteint !

Rappelez-vous pour passer à l’action, il faut savoir ce que l’on veut comme résultat, alors pour vous aider, vous pouvez télécharger gratuitement la fiche outil « fixez vos objectifs » en cliquant sur le bouton ci-dessous.