Gare à l’auto-expertise ! Stratégie, communication, formation… : je gère ! En fait…non

par | Fév 17, 2017 | Article | 0 commentaires

L’objectif de cet article n’est pas de crier haro sur ceux qui font par eux-mêmes ni de les stigmatiser en aucune manière que ce soit, mais plutôt de faire prendre conscience de toutes ces activités où règne l’auto-expertise et d’alerter sur ses conséquences possibles.

 

L’auto-expertise : kesako ? C’est le fait de croire que l’on sait faire une action ou une activité, quelle qu’elle soit, et que l’on n’a pas besoin de faire appel à un expert pour l’effectuer.

Avec l’avènement d’Internet, une foultitude d’informations, de tutoriels et autres guides sont accessibles à tous pour acquérir ou parfaire ses connaissances et compétences. Tout semble désormais possible, à notre portée ! C’est aussi l’ère du DIY (Do It Yourself) grisant et l’on peut s’enorgueillir : « Je l’ai fait moi-même ». [Lorsque je dis « on » dans cet article, je m’inclus volontairement. En effet, j’avoue moi-même m’adonner, de temps en temps, à l’auto-expertise. La critique est aisée, mais l’art est difficile…]

Toutefois, n’accusons pas Internet de tous les maux, les bénéfices de celui-ci surpassent largement ses inconvénients, du moins j’aime à le penser. Et, il est vrai, l’auto-expertise avait déjà cours avant qu’Internet ne se développe au niveau qu’il a aujourd’hui, prenons l’exemple lorsque l’on est malade, de l’autodiagnostic et de son corollaire l’automédication.

 

Alors, dans quels domaines – professionnels j’entends puisque c’est ici notre propos – retrouve-t-on cette tendance à l’auto-expertise ? Le périmètre est vaste : stratégie, formation, communication, marketing, business plan…etc. Hormis certains « prés carrés » tels que la comptabilité, la finance ou encore le juridique, l’auto-expertise est partout. On lit trois articles sur Internet et l’on se sent capable de définir une stratégie de communication et de contenu, on regarde un tutoriel sur Youtube et l’on pense pouvoir rédiger soi-même ses conditions générales de vente. Parfois même, on lit deux livres sur la définition de plan d’actions commerciaux et l’on est prêt à revoir toute la stratégie commerciale de son entreprise ou de son département.

En quoi est-ce un mal me direz-vous ? En soi, ce n’est pas forcément négatif, cela nous permet à chacun d’agrandir son champ de connaissances. Néanmoins, agrandir son champ de connaissances ne nous permet par forcément d’agrandir celui de nos compétences (le passage des connaissances aux compétences n’est pas aussi aisé qu’on le croit, mais cela est un autre débat) et ne fait pas de nous des experts. Je ne dis pas que des études ou un diplôme sont le passage obligé pour devenir un expert cependant la valeur de l’expérience ne peut quant à elle être mise de côté lorsque l’on parle d’expertise…

Prenons l’exemple d’un procès. Iriez-vous au tribunal sans être accompagné d’un avocat ? Non. Pourquoi ? Car se défendre, plaider devant un juge, rédiger des conclusions à une argumentation (et bien d’autres choses encore) sont son métier, et pas le vôtre. Cela ne vous effleurerait même pas l’esprit de vous passer des services de cet expert dans ce type de situation !

 

Alors pourquoi dans d’autres situations, cela ne nous vient pas à l’idée ou nous choisissons de faire nous-même plutôt que de faire appel à un expert ?

Deux explications principales peuvent être avancées :

  • Les domaines cités tels que la définition de stratégie, la formation, la communication, la rédaction de business plan peuvent paraître plus accessibles et facilement réalisables par tout un chacun en comparaison d’autres activités plus « scientifiques » telles que la finance, les statistiques ou encore la production – ce qui dénote souvent d’une méconnaissance de ces sujets et donc serait source d’impacts négatifs si l’on fait soi-même
  • L’envie de faire, de trouver des solutions par soi-même (sans demander l’aide d’autrui) – ce qui peut, parfois, confiner à l’arrogance ou être lié à un sentiment de supériorité (« ce n’est pas bien compliqué », « n’importe qui peut le faire » …)

 

Quelles sont les conséquences de l’auto-expertise ?

Oui, il est vrai que faire appel à un expert représente un investissement financier. Encore que, parfois, cela représente moins que ce que l’on imagine. N’hésitez pas à demander un devis (lui au moins il est gratuit) ! Il y aura quasiment toujours un expert ayant une expérience sur votre problématique (c’est le même principe que lorsque l’on fait une recherche sur Google, il y a très souvent une personne qui a déjà posé la même question ou saisi une requête similaire à la nôtre…).

Se laisser aller à l’auto-expertise peut avoir plusieurs impacts :

  • Un investissement en temps conséquent (lorsque l’on n’est pas expert d’un sujet, accomplir une tâche qui y est liée nous prend plus de temps à nous, néophytes, qu’à un spécialiste)
  • Qui dit investissement en temps, dit investissement financier : le temps c’est de l’argent ! Cette maxime est vue et revue toutefois elle repose sur une vérité, le temps que vous passerez sur des tâches ne relevant pas de votre domaine de compétence est un temps que vous ne passerez pas sur d’autres activités qui pourraient être plus rémunératrices telles que la prospection commerciale ou toute autre tâche qui vous permettrait de progresser dans l’atteinte de vos objectifs.
  • Le coût de l’erreur et le lent apprentissage de celle-ci : en tant que non-expert de la tâche que vous souhaitez effectuer, la probabilité d’erreur, par exemple dans la définition de votre stratégie commerciale, est importante et peut être lourde de conséquences (particulièrement dans des situations de budget limité).

Allons, allons le tableau n’est pas si noir. Certaines personnes réussissent aussi agissant par elle-même dans des domaines qui ne sont par leurs domaines d’expertise. Néanmoins, en sus de la question de l’investissement en temps (cette denrée si précieuse pour les entrepreneurs et les managers) déjà évoqué, se pose la question du coût de résultats peut-être moins « bons » que ce qu’ils auraient pu être si l’on avait fait appel à un expert. Comment le quantifier ? Cela n’est pas réellement possible, mais la question mérite d’être posée. Et le coût de ce delta entre des résultats moins « bons » que ce qu’ils auraient pu être et les résultats potentiellement « optimum » obtenus avec l’aide d’un expert aurait peut-être largement compensé le coût de ce dernier…

 

Et l’accompagnement dans tout cela ? auto-expertise ou non ?

L’accompagnement, que ce soit d’un entrepreneur ou d’un manager, ne peut pas réellement être comparé à une action de type formation ou communication. Toutefois, comme ces deux activités (et les autres déjà citées) où l’auto-expertise est largement répandue, l’accompagnement au développement ou à la performance est souvent considéré comme un « plus » dont il est tout à fait possible de se passer et que, par extension, l’on se fournit déjà à soi-même, que ce soit pour des raisons budgétaires ou le sentiment d’être son propre expert. Toutefois, l’accompagnement n’est réellement pas un bonus, il permet à la personne accompagnée d’avoir l’espace et le recul nécessaire pour se remettre en question et à avoir la flexibilité indispensable pour adapter sa stratégie. Vous me direz, je prêche pour ma paroisse. C’est vrai aussi… J’ajouterai tout de même que les statistiques [1] sur les entrepreneurs accompagnés soutiennent cette affirmation :

  • Le taux de mortalité des entreprises est de 25% à 2 ans, de 34% à 3 ans et de 49% à 5 ans
  • Ce taux de mortalité descend à 34% à 5 ans pour les entreprises accompagnées (cela peut sembler peu, mais si vous faites partie des 15% « sauvés », cela compte tout de suite plus).

 

Ne vous découragez pas ! L’idée ici n’est pas de nier le droit ou la possibilité à faire par soi-même. De toutes les manières, dans certaines situations d’urgence ou de budget extrêmement serré, l’auto-expertise sera peut-être la seule solution possible.

La finalité est de choisir en toute conscience de pratiquer l’auto-expertise ou de recourir à un expert dans les situations où, habituellement, l’on se dirait que l’on peut le faire soi-même. Cela implique de prendre quelques minutes pour :

  • Se poser sincèrement la question de ses compétences et de son niveau d’expertise sur la tâche à accomplir (ainsi que l’investissement, de quelque type qu’il soit, nécessaire)
  • D’envisager ce que cela coûterait et éventuellement apporterait de plus de faire appel à un expert (coût, temps, résultats)

Ceci vous permettra de choisir en tout état de cause la meilleure solution à l’instant T et avec les moyens dont vous disposez.

[1] http://1001startups.fr/chiffres-cles-entreprises-en-france/

Emilie Amic

Emilie Amic

Fondatrice de Luceliandre

N’hésitez pas à me contacter !

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